Le service public n'est ni un
cadeau du patronat ni un don de l'Etat. Dans le sillage plus ou moins lointain
de la Révolution (sociale), de l'émergence des idées socialistes et de la lutte
syndicale, des victoires sont obtenues contre les forces réactionnaires : en
1936, sous la pression des salarié-e-s en grève, le Front populaire fait naître
la SNCF; la Sécurité sociale, créée en 1945, à la sortie de la guerre ou la
population a largement contribué à la libération. Peu à peu, de nouveaux
services seront mis en place, ouvrant leur accès aux personnes à faibles
revenus, et permettant de faire face à des problèmes sociaux spécifiques
(enfants, vieillards, handicapés...).
Le capital contre la vie
La mémoire collective semble
avoir oublié que seule la lutte a pu consolider ces acquis. La période des
« Trente Glorieuses » ou une croissance économique aura permis,
certes d’améliorer la condition de beaucoup, mais aussi anesthésier la
conscience politique, affaibli la combativité collective et favoriser le repli
sur soi. Pendant ce temps, les requins de l'industrie et de la finance vont
satisfaire leurs appétits. Le secteur public, qui représentait en moyenne 15 %
des richesses nationales de la Communauté européenne en 1985, constituait, pour
les dinosaures des milieux d'affaires, un vaste continent à explorer et à
exploiter : chemins de fer, hydrocarbures, distribution de l'eau, de
l'électricité, services postaux, et maintenant santé, éducation.
Sous l'égide du FMI, de la Banque
mondiale, de l'OCDE, et aujourd'hui de l'OMC, s'est opéré un véritable pillage
de ressources matérielles et humaines, aussi bien dans les pays industrialisés
que dans le Tiers monde. Deux processus évoluent parallèlement, la montée en
puissance des multinationales avec la complicité des classes politiques, et la
destruction des services publics...avec les mêmes acteurs.
La montée en puissance des
multinationales
La période actuelle se
caractérise par l'explosion des fusions et des acquisitions (c'est-à-dire
l'accélération de la concentration et de l'accumulation du capital). Or le
développement des firmes transnationales n'est pas le fruit du hasard. C'est le
résultat de choix politiques délibérés : mise en place d'infrastructures
adaptées aux besoins des grandes entreprises, attribution de subventions,
incitations fiscales, crédits affectés à la formation ou à la
recherche-développement, réglementations sur mesure, prise en charge des pertes
financières, privatisations. C'est bien l'argent public qui a permis aux
multinationales d'atteindre leur puissance actuelle.
La destruction des services
publics
D'un point de vue libéral, un
service public n'est rien d'autre qu'un manque à gagner pour une entreprise
privée ! Il fallait donc démanteler les « monopoles » d'Etat,
« structures monolithiques et inefficaces du passé ». C'est donc à la
destruction des services publics que se sont attachées les classes politiques
sous la férule de l'ERT (la table ronde des industriels européens) et de son
équivalent aux Etats-Unis, à grand renfort de blocages salariaux, de
flexibilité du temps de travail, de sous-traitance, d'emplois précaires.
Peut-être serait-il intéressant d'énumérer à cet endroit quelques exemples actuels :
HOPITAL 2007 : DANGER de MORT !
La logique de rentabilité à l’hôpital n’est pas une fiction
A l’hôpital de Rennes, on se souvient de la fermeture de la Massaye, « hôpital gériatrique de l’effondrement social de la santé publique à Rennes »...
1997 : modification des statuts qui conduit à une plainte contre l’institution du C.H.U. (président Edmond Hervé, directeur général Gérard Sacco) afin que les personnes âgées ne soient pas transférées de force dans d’autres structures.
2001 : 10 lits maintenus grâce au comité de défense constitué par les familles, le personnel, le maire.
Puis tout va très vite. 2002 : mise en place de la réduction du temps de travail. Appel des fédérations C.G.T., FO, SUD, C.F.T.C. à la mobilisation contre GUIGOU et KOUCHNER qui restent sourds au profond mécontentement des hospitaliers. 3 mois de grève contre la dégradation des établissements de la fonction publique hospitalière, amplifiée par la mise en place de la RTT ; contre une santé marchande : ouverture sur la productivité, la rentabilité, la logique comptable qui entraîne les fermetures de lits et de services, la privatisation des services généraux, des cuisines...
Aujourd’hui : Que fait Mattéi alors que les 15000 morts pendant la canicule de l’été 2003 nous rappellent la combien sombre affaire du sang contaminé et les politiques comptables de la santé publique?
Prime misérable pour certaines catégories de personnels , culpabilisation des citoyen-ne-s qui n’auraient pas pris en charge leur parent, installation de climatiseurs ...
Rien sur le manque de personnel ... rien sur les moyens financiers. Rien sur l’obligation de soigner avant tout et d’y mettre tous les moyens!
Bien au contraire, l’hôpital 2007 poursuit cette logique de rentabilité qui aboutit à une dégradation globale des centres hospitaliers et à leur transformation en entreprise qui doit rapporter. Le 19 décembre dernier Mattéi remettait aux syndicats le plan de réorganisation interne des hôpitaux qui devrait être mis en place avant l’été. Il y est question de « pôles » et de « responsables de pôles » nommés par les directions d’hôpital et le président de la commission médicale d’établissement. Exit les « chefs de services » dont la principale mission est de soigner. Les responsables de pôles auront pour objectif de négocier leur budget par contrat avec la tutelle. Il n’est plus question de soins et de patient-e-s, il est question de coût des soins qui seront décidés par le médecin. Il n’est plus question d’enveloppe globale annuelle pour le fonctionnement mais d’un budget établi en fonction du volume d’activité médicale. Sélection des patient-e-s en fonction du coût des pathologies !
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer que l’hôpital ne se gère pas comme une entreprise. Les missions de l’hôpital ne sont pas de faire des choix économiques... c’est déjà sordide d’avoir à le rappeler.
Quand on veut noyer son
chien…., l’exemple de la Poste !
La Poste et l’état viennent de signer un « contrat » de plan qui doit donner les grands axes de la politique de l’entreprise pour la période 2003-2007. Ce texte étant d’après les deux parties celui de la dernière chance pour sauver la Poste. Celle-ci souffrirait à leurs yeux, d’un manque de rentabilité et d’une qualité de service médiocre. Le Medef rallongeant un peu plus la sauce, accusant la Poste de distorsion à la concurrence, lorgnant surtout sur ses secteurs les plus rentables d’un futur dépeçage inéluctable.
Ce texte, dernier en date d’une longue lignée de textes liquidateurs du service public, depuis les tentatives de Longuet en 87, à la réforme Quilès en 1990 qui mettait fin à l’unité des PTT, préparant ainsi de fait le chemin aux privatisations des deux exploitants prévoit entre autre, la fermeture de nombreux bureaux et la transformation pour certains en points de contact chez un commerçant (bonjour la discrétion !), la fermeture de nombreux centres de tri départementaux et le renforcement de l’automatisation de la chaîne courrier.
Service public, vous avez dit public !
Ils peuvent toujours nous parler de rentabilité alors que depuis des années ils organisent tout pour faire crever le service public, par exemple :
que cela soit par des ristournes exorbitantes aux très grosses entreprises, et ceci bien avant tout projet de mise à sac par l’Europe du monopole des services postaux sur la lettre ;
ou bien lorsqu’à l’instar du secteur des télécoms, les « grandes postes européennes »
(allemande, hollandaise, mais aussi française) se lancent à leur tour dans une bataille au rachat du moindre opérateur de colis ou de courrier, laissant présager là aussi d’un réveil brutal (voir le scandale du rachat de DPD par la Poste française, ou : l’histoire du coulage volontaire de la filiale Dilipack afin de pouvoir s’implanter en Allemagne).
Qualité, mais pour qui ?
Hier encore, la Poste pouvait se targuer d’avoir un service de qualité au meilleur coût, même si déjà, un manque évident de personnel dans certains bureaux de poste faisaient subir aux usagers des files d’attente trop longues. Maintenant tout le monde se plaint du retard de son courrier, des files d’attentes interminables, des heures tardives de passage de son facteur, voir de mauvais conseils.
Mais que pensez de tout cela lorsque l’on sait que:
la Poste afin d’abaisser ses coûts salariaux a depuis 1993 diminué le nombre de fonctionnaires de plus 55 000 ,employant pour les remplacer des emplois sous contrats privés payés avec des clopinettes, lâché dans la nature avec si peu ou même sans aucune formation,
que pour faire des économies, les dirigeants ont décidés que toute absence inopinée ne sera pas remplacée au moins le premier jour ce qui explique les tournées non faites, les guichets surchargés.
Qu’une pression commerciale permanente et débilitante, à la prime ou à l’emploi pour les agents sous droit privé, s’exerce sur les agents, les poussant à faire du « chiffre », est ce là, la vocation d’un service public ????
A l’école c’est : rapport
coûts actuels/profits futurs
Dans une logique de dislocation
de l'Education Nationale, c'est-à-dire à travers un processus de
régionalisation-privatisation, et alors qu'il organise un pseudo « grand
débat » sur l'école (un grand flop d'ailleurs !), le gouvernement organise
la régression tant pour le personnel, en termes de conditions de travail, que
pour les élèves, en termes de conditions d'instruction : suppression massive de
postes d'enseignants, d'agents, de MI-SE, d'aide-éducateurs, développement de
la précarité, remise en cause des statuts, non paiement des indemnités de
remplacement, menace de fermeture de lycées professionnels...).
Le budget 2004 de l'Education Nationale prévoit la suppression de 2500 emplois d'enseignants du second degré et de 1000 emplois d'agents administratifs (200 postes d'enseignants rien que pour la Bretagne, et 68 emplois d'agents, techniciens et ouvriers de services).
Vers un pouvoir totalitaire
des firmes
Une propagande insidieuse
contribue à diviser le secteur « nanti » du public et les
« précaires » du privé. Il serait dangereux pour l'ensemble des
salariés de continuer à se quereller autour d'un faux débat
« public-privé ». Le véritable clivage se situe entre les détenteurs
du pouvoir et des moyens de production, d'une part, et ceux qui n'ont que leur
force de travail à vendre, d'autre part. D'un côté, des hauts fonctionnaires et
des dirigeants d'entreprises privées qui cumulent les avantages; de l'autre,
les salariés du privé comme du public que la mise en concurrence aligne vers le
bas ! Hors des sphères du pouvoir, aucun individu n'a intérêt à la disparition
des services publics.
Or l'AGCS (Accord général sur le
commerce et les services), négocié dans le secret le plus total, est en train d'aggraver
les tendances en cours. Visant à livrer, et de manière irréversible, l'ensemble
des services fondamentaux comme le travail, l'alimentation, le logement, les
soins de santé, l'éducation et la culture aux seules lois du marché, il
ouvrirait la voie à une véritable dictature des firmes multinationales.
Pour un service public
libertaire
Ne pas percevoir les enjeux et ne
pas réagir rapidement aux coups portés compromettrait l'avenir pour une longue
période. Il ne s'agit pas seulement, à terme, de défendre les services publics
existants face aux attaques libérales, de se limiter à de simples mouvements de
résistance, mais d'engager une réflexion sérieuse sur ce que pourrait être un
service public conçu dans un esprit de justice sociale et de solidarité. Parce
que le refus de prendre en main son propre avenir se paiera toujours d'une
exploitation économique et politique.
Nous ne pouvons que nous étonner
que les fédérations de fonctionnaires aient appelées à des journées éparpillées
alors que seule la convergence des luttes nous permettrait de gagner, seule
la lutte paie !!!
Groupe
La Sociale UL La Commune– FEDERATION
ANARCHISTE MJC La Paillette, rue du Pré-de-Bris, BP 3806, 35038
RENNES Cedex
Local F.A. : 9,
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