Etat et Patronat veulent faire Main Basse sur la Sécu.
Ne les laissons pas faire, la Sécu nous appartient !

 

 

 


La SECU ?

La Sécu est mise en place par ordonnance en 1945 : « il est institué une organisation de la Sécurité Sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ». La Sécu est composée de 5 branches de protection sociale : vieillesse, santé, famille/maternité, chômage, logement, pauvreté/exclusion, dont les 3 premières représentent 90% des dépenses. La protection sociale représente de 90 à 95% du salaire indirect (remboursement de la Sécu, prise en charge des congés maladie et accidents du travail, congés maternité…), le reste (5 à 10%) de celui-ci étant le « social d’entreprise » (subventions des Comités d’Entreprise..). Chaque ayant-droit perçoit en moyenne 2000 euros par an de la branche maladie. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, époque où les richesses produites étaient bien moindres, la Sécu prenait en charge 95 % des dépenses liées à la protection sociale, et aujourd’hui seulement 76%, 13% étant pris en charge par les mutuelles, le reste restant à la charge des ménages.

 

Quel TROU ?

Le déficit de la sécurité sociale, qualifié d’ « abyssal » par le gouvernement, est de 11 à 15 milliards d’euros en 2004, soit 4% maximum du budget de l’assurance maladie. A titre de comparaison, le déficit de l’Etat est d’environ 35 milliards d’euros, soit plus de 15 % du budget… sans que personne ne crie à la banqueroute de l’Etat ! Rappelons également que 70% des recettes de la Sécurité Sociale sont dues aux cotisations sur salaires, qui correspondent à du « salaire socialisé ». Le budget de la Sécurité Sociale, c’est donc directement l’argent des salariés, il est naturel que ceux-ci aient leur mot à dire sur la façon dont cet argent est géré ! Il faut dénoncer l’imposture qui consiste à dire que ce sont les salariés qui seraient responsables du soit-disant déficit de la Sécurité Sociale. Les salariés se sont fait peu à peu dessaisir de leur droit de regard et d’intervention sur les comptes de la Sécu et leurs utilisation : Ainsi, les dernières élections au conseil d’administration de la Sécu datent de 1982. Les membres du Conseil d’Administration de la Sécu sont maintenant désignés par l’Etat. De plus, avec l’application du plan Juppé en 1996, le parlement décide seul de l’équilibre financier de la Sécu, car il vote le budget. L’Etatisation a ainsi préparée la future privatisation de la Sécu. En parlant du « Trou » de la Sécu, le gouvernement n’évoque que l’augmentation des dépenses de santé. En revanche, dans tout bilan comptable, il doit apparaître également une ligne pour les recettes, et il est clair que le gouvernement communique beaucoup moins sur le sujet, et pour cause :

 

38000 Euros par minute !

C’est ce que l’Etat et le Patronat devraient rembourser à la Sécurité Sociale s’ils payaient ce qu’ils doivent, c’est à dire plus de 20 Milliards d’Euros pillés en 2003 par l’Etat : 13,5 Milliards de détournement de recettes (taxe sur les alcools et tabac, sur les assurances auto et les industries polluantes, paiement des 35 Heures), 2,3 milliards de recette non percues (allégement de cotisations non percues) et 5 milliards d’euros que la sécu ne devrait pas payer (paiement de la TVA par les hopitaux, financement des régimes des non-salariés). De plus, la Sécurité Sociale est un marché protégé scandaleusement profitable pour l’industrie pharmaceutique. Sanofi a versé des dividendes en hausse de 21,5% à ses actionnaires en 2003. Dans le cadre de son OPA contre Aventis, SANOFI a pu mettre 55 milliards d’euros sur la table (5 fois le fameux déficit de la Sécu !) ! En 2002, la « valeur ajoutée », c’est à dire la richesse produite par les différentes branches privées, est impressionnante : 10 milliards d’euros pour les trusts de la pharmacie, 6,8 milliards pour le commerce du médicament. Une part essentielle de cette valeur ajoutée est à la charge de l’assurance maladie. Et puis, la baisse des salaires et l’augmentation du chômage et de la précarité, c’est à dire la volonté du patronat de faire baisser la masse salariale par tous les moyens, conduisent directement à une baisse des recettes pour le budget de l’assurance maladie. Ainsi, une progression de 1% de l’ensemble de la masse salariale produirait 3 milliards d’euros supplémentaires pour la Sécu !

 

Les dépenses de santé ?

La France est le 4ième pays au monde par ses dépenses de santé (9,5% de son PIB consacrés aux dépenses de santé), après les USA (14%), la Suisse et l’Allemagne (11 % tous les 2). Depuis les années 70, ces dépenses ont toutes fortement augmentées de la même façon pour tous ces pays, sauf pour la France, où ces dépenses stagnent depuis le début des années 90. Il n’est d’ailleurs pas choquant qu’une meilleure prise en charge de la population, alliée aux progrès des sciences et des techniques, se traduise par une augmentation des dépenses de santé. Que l’espérance de vie augmente, que l’on s’attache à soigner la douleur, cela augmentera les dépenses et ce sera une bonne chose car cela fera progresser le niveau de vie de l’ensemble des la population. De plus, la France est aujourd'hui l'un des pays d'Europe où les dépenses de santé restant à la charge de l'assuréE sont les plus lourdes.

 

Après avoir sauvé les retraites, l’Etat et le patronat veulent sauver la Sécu ?

Les récentes annonces du gouvernement, en droite ligne des mesures déjà prises depuis 30 ans par les gouvernements de gauche comme de droite, consistent à ponctionner les salariés de tous les côtés :

-          la prolongation de la CRDS au delà de 2014: elle représente 4,5 milliards d’euros chaque année, ce sera une charge payée pour les trois quarts par les seuls salariés

-          l’augmentation de la CSG de 0,4 point pour les retraités imposables (la moitié d’entre eux).

-          Les 500 à 700 millions prélevés sur les revenus dits financiers : ce sont essentiellement les économies des salariés placées sur le livret A, mais pas les revenus financiers des entreprises

-          Pour chaque consultation OU acte médical, le prélèvement de 1 euro dans la poche du malade rapporterait entre 650 millions et 1 milliard d’euros.

Toutes ces mesures sont à rajouter à celles déjà prises depuis de nombreuses années par les gouvernements successifs afin de faire payer toujours un peu plus les assurés : Michel Rocard créé la CSG en 1991 _CSG qui pèse à hauteur de 87% sur les salariés et les retraités, et seulement à hauteur de 13% sur les revenus « financiers » (qui représentent eux pourtant 40% du PIB), la CSG a ensuite été régulièrement augmentée ; création et augmentation régulière du forfait hospitalier ; « déremboursements » successifs de médicaments ; réductions de moyens dans les hôpitaux publics (35 000 lits ont ainsi été supprimés sur les 7 dernières années). Tout cela est orchestré par une campagne de culpabilisation de la population, qui consiste à montrer du doigt les assurés qui « abuseraient », prendraient trop de médicaments, iraient voir le médecin pour le plaisir, et prendraient trop d’arrêts de travail _alors que c’est la dégradation des conditions de travail et l’augmentation des cadences et de la productivité qui provoquent un nombre croissant de ces arrêts de travail. De même, les patrons font très souvent pression sur les salariés pour que les accidents du travail soient considérés comme congés maladies simple. En effet, plus une entreprise a d’accidents du travail et de maladies professionnelles, plus son pourcentage de cotisation à ces caisses est élevé.

 

"Allez quoi ! un Euro de plus pour sauver la sécu, ce n'est pas douloureux".

Douste-Blazy a annoncé une franchise d'un euro par consultation. Il « oublié » de dire que cet euro non remboursé s'ajoute aux 6 qui ne sont déjà plus remboursés pour une consultation de 20 euros. De plus, il augmente le forfait hospitalier d'un euro. Cela fait passer le forfait hospitalier de 13 à 14 euros (soit 7,7% d'inflation) et le précédent ministre de la santé l'avait déjà fait passer de 10,67 à 13, soit finalement 31,45% de plus à la charge des patients, en moins de deux ans (selon les calculs du Canard enchaîné du mercredi 26 mai). L’objectif de ces mesures est de faire payer toujours plus les salariés pour une protection sociale moindre, en favorisant les assurances privées. Les « petites mesures » du gouvernement représentent ainsi une charge de 15 à 16 milliards d’euros pour les assurés sociaux.

 

Pourquoi tant de « Haine » ?

Au delà de ces mesures, le gouvernement veut créer un « conseil d’orientation de l’assurance maladie », c’est à dire un système où « à tout moment les tarifs de remboursement seront adaptés aux capacités financières de l’Assurance Maladie ». D’un point de vue capitaliste, un service public n’est rien d’autre qu’un manque à gagner pour une entreprise privée. Le "Marché de la Santé" représente, en 2003, 148 milliards d'Euros qui échappent aux prédateurs financiers. A la porte de la Sécu attendent les assureurs privés et leur envie de récupérer l'argent, aujourd'hui redistribué solidairement, pour le faire entrer dans les circuits des marchés financiers. Le gouvernement veut préparer, comme pour les retraites, une remise en cause permanente et automatique de l’ensemble du système, avec la part belle aux assurances privées pour ceux qui en auront les moyens, et une dégradation considérable des capacités de se soigner pour une partie grandissante de la population. Et nous savons tous que les assurances ont vocation, comme toute entreprise, à faire du profit, alors que la Sécu est basé sur la solidarité entre les salariés.

 

Alors que faire ?

Les salariés doivent dénoncer sans tarder le pillage du budget de la Sécurité Sociale, c’est à dire en grande partie de leur salaire différé, par l’Etat et le Patronat. S’il faut payer, c’est à eux de le faire, et pas, une fois de plus, aux salariés ! Il est nécessaire de socialiser les multinationales pharmaceutiques pour mettre fin aux détournements des cotisations que constituent leurs profits gigantesques et permettre à la collectivité de décider de l'orientation des recherches. Il n'est pas acceptable que ne soient développés que les médicaments qui permettent d'accumuler les profits, au détriment des impératifs de santé publique. Elles bénéficient de protections abusives, et ne créent aucune richesse. Il s'agit de mettre fin au paritarisme et au racket de l'État par le contrôle réel des usagers. La Sécu doit être gérée par une commission d'éluEs révocables et mandatéEs par les assemblées d'usagers et de salariéEs organisées sur le mode fédéral et démocratique. Ni médecine libérale, ni médecine d'État, oui à un service de santé publique socialisé et autogéré.

 

La Sécurité sociale nous appartient ! Elle doit se libérer de toute ingérence capitaliste ou étatique. C’est aux travailleurs-euses et usager-e-s/bénéficiaires de se la réapproprier puis de la gérer collectivement pour la satisfaction des besoins de toutes et de tous. L'autogestion et le fédéralisme sont pour nous la seule voie qui nous permettront d'échapper à la fois à l'aumône ultra-libérale et au caporalisme étatique. Et qui dit autogestion dit nécessairement égalité économique et sociale pour toutes et  pour tous. Les anarchistes l’ont toujours dit : il ne peut y avoir de liberté sans égalité. Il ne peut y avoir d’égalité des droits sans égalité économique et sociale. De cette exigence d’égalité découle nécessairement la gratuité totale des soins. Pour nous, anarchistes la construction d’un service de santé public émancipé, autogéré,  universel et gratuit est un impératif car nous somme convaincu-e-s que dans notre combat contre toutes les oppressions et injustices, la gratuité des services publics et tout particulièrement celui de la Santé, constitue un des leviers permettant de faire basculer ce monde inique vers une société sans classes ni Etat! Parce que le refus de prendre en main son propre avenir se paiera toujours par une exploitation économique et politique, parce que la résignation est un suicide quotidien, nous ne pourrons faire l’économie d’une mobilisation sociale sans précédents et construire la grève générale expropriatrice et autogestionnaire.


 

 

Fédération Anarchiste, c/o Librairie-Bibliothèque associative "La Commune", 9 rue Malakoff, 35000 Rennes

Tel/Rep : 02 99 67 92 87

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