Groupe La Sociale FEDERATION ANARCHISTE Rennes
EUROPE
Tract « LE RAPPORT DE FORCE NE SE CONSTRUIT PAS
DANS LES URNES MAIS DANS LES LUTTES »
Affiches :
Les rendez-vous
électoraux rythment désormais de plus en plus lourdement la vie politique :
sitôt une élection passée, la multiplicité des candidatures, deux, trois, voire
quatre ans en avance ainsi que les luttes fratricides dans les partis candidats
au pouvoir achèvent de décrédibiliser une classe politique totalement coupée
des préoccupations et des aspirations réelles des peuples et des individus.
La fébrilité
s’est emparée de la classe politique, le référendum nous est présenté comme
l’événement majeur des mois à venir : l’année politique 2005 sera l’année
de la constitution européenne ou ne
sera pas. Déjà, les organisations politiques de tout bord, de l’extrême-gauche
jusqu’à certains libertaires s’empressent de se positionner dans un camp ou
dans l’autre et de préparer les alliances.
À l’heure où le mouvement
social et syndical piétine, il est important pour les anarchistes de ne pas se
faire embarquer dans cette campagne politicienne, qui ne s’attaque en aucune
façon aux problèmes réels et de laquelle rien de bon ne pourra sortir. Les
lignes qui suivent entendent développer une analyse et des axes d’intervention
des anarchistes pour (re) construire ce mouvement social et syndical sur des
bases libertaires en dehors des considérations politiciennes et électoralistes,
conditions indispensables pour faire naître ensemble une autre Europe pour un
monde libertaire.
Non à l’Europe
du Capital et du Vatican !
Cette fumeuse constitution européenne, que le gouvernement nous
demande d’approuver sans jamais nous avoir associé à son élaboration est une
étape majeure portée par un large consensus politico-économico-religieux
réunissant le capitalisme libéral, la social-démocratie et les églises
chrétiennes.
Cette
constitution a fait l’objet d’une étude approfondie et d’un soin particulier
avant de nous être soumise. Encore une fois, nous sommes appelés aux urnes pour
juger un texte obscur (plus de 350 pages et des dizaines d’annexes dans un
jargon de juriste incompréhensible à la majorité des individus ) rédigé par nos
représentant-e-s autoproclamé-e-s de Bruxelles. Mais qu’importe le résultat,
avec ou sans nous, avec ou sans notre accord, le projet sociétaire de la
curaille et du patronat européen se poursuivra coûte que coûte.
Les accords de
Schengen avaient déjà souligné le caractère répressif de cette Europe qui se
construit sur le dos des peuples. Les structures d’une Europe policée et d’une
Europe militarisée fonctionnent déjà largement. L’Europe de « paix »
et « des peuples », qui suppose des améliorations qualitatives du
cadre de vie et des améliorations fondamentales sur le plan social est en fait
un leurre ne servant qu’à créer l’illusion du changement et cacher la réalité
de l’accroissement des inégalités, la casse des services publics et la remise
en cause des acquis sociaux.
L’Europe des
religions se construit insidieusement, lentement, mais sûrement et
efficacement. Le préambule du projet de constitution consacre la religion comme
valeur fondatrice de l’Europe, l’article 53 annule la liberté de
conscience et la remplace par la liberté de religion. Le principe de
subsidiarité qui signifie, en gros : laisser la bride sur le cou aux
hiérarchies locales, aux féodalités inférieures, tant que cela ne perturbe pas
les hiérarchies supérieures et qui demeure la base de la doctrine politique
européenne de l’Église Chrétienne depuis les années cinquante est reconnu et
intégré dans le projet. La remise en cause de la laïcité et le retour d’un
nouvel ordre moral constituent l’Europe de demain que les calotins nous
préparent.
Le
« oui » à la constitution européenne avaliserait la mise en place de
cette politique chaotique tendant à favoriser le développement du capitalisme
européen en renforçant les inégalités sociales, les injustices économiques et
une nette tendance à une vision égoïste, renfermée et chrétienne de l’Europe.
Le
« non » à la constitution européenne ne changerait rien à la volonté
de nos dirigeants de nous imposer leurs diktats en matière économique, sociale
et morale. D’ailleurs les précédents référendums sur Maastricht et sur l’Euro
ont démontré que le « non » importait peu, on nous fera revoter
jusqu’à ce qu’on dise « oui » ! Ainsi, même l’hypothèse d’un
« non » massif ne pourrait inverser le processus de mutation
capitaliste et sécuritaire de l’Europe.
Abstention
révolutionnaire !
Le
« oui » et le « non » à la constitution européenne nous
renvoient dans tous les cas à des situations de dépendances politiques,
sociales, économiques et culturelles.
Le
« oui » et le « non » laissent en place les mêmes
personnels politiques et les mêmes institutions d’oppression qui prétendent
nous dicter le bien et le mal et maintiennent les peuples sous tutelle, au
besoin par la force.
Peu importe de
se faire exploiter par un patron français ou européen, peu importe un
impérialisme français ou européen... c’est d’abord contre les oppressions de
toutes natures que les anarchistes entendent lutter.
Dans ce cadre,
les anarchistes ne peuvent se satisfaire du faux choix prononcé par les
politiciens ni d’ailleurs de la pauvreté intellectuelle dans laquelle les
hommes politiques de tout bord relayés par les médias serviles confinent les
populations. Nous ne pouvons cautionner cette parodie de démocratie, ni nous
polariser sur ce leurre que constitue ce référendum qui voudrait nous faire
croire que nous sommes libres de choisir notre avenir en déposant un bulletin
dans une urne. C’est dans nos luttes et par l’action directe que pourront
apparaître et se développer seulement les véritables formes de démocratie qui
nous permettront de transformer réellement et radicalement la société, pas dans
une illusoire « manifestation de la volonté populaire » que les
gouvernements européens voudraient nous faire gober !
Oui à une Europe
libertaire et égalitaire !
Nous avons une
vision universaliste d’un monde nouveau à construire et nous envisageons à l’échelle
de l’Europe comme de la planète le fédéralisme des peuples, l’égalité sociale
des individus, les échanges pluriculturels et l’abolition totale des
institutions de répression politiques et religieuses ainsi que la disparition
des frontières pour l’ensemble des citoyens du monde.
Le seul moyen de
favoriser une Europe telle que nous la souhaitons, sans classes, ni Etats, ni
frontières, basée sur l’entraide entre les peuples réside dans l’action directe
individuelle et collective que l’on pourrait résumer par : agir au lieu
d’élire qui se traduit pratiquement ici par l’abstention active et
révolutionnaire. Finissons en avec l’aliénation politique des urnes, la
délégation de pouvoir et les chèques en blanc aux politiciens. Développons et
internationalisons les luttes sociales sur des bases d’autogestion, de
fédéralisme et d’action directe. Construisons la convergence des luttes pour la
grève générale expropriatrice et autogestionnaire !
L’esprit du
congrès de St-Imier (1872), événement fondateur de l’anarchisme ouvrier et de
l’internationalisme prolétarien reste plus que jamais d’actualité :
« ... La
destruction de tout pouvoir politique est le premier devoir du prolétariat. »
« ...Repoussant
tout compromis pour arriver à l’accomplissement de la révolution sociale, les
prolétaires de tous les pays doivent établir, en dehors de toute politique
bourgeoise, la solidarité de l’action révolutionnaire. »