Groupe La Sociale FEDERATION ANARCHISTE Rennes
En 1945 la Sécurité Sociale se veut solidaire,
générale, universelle et gérée par ses financeurs, les salarié-e-s
représenté-e-s majoritairement dans les conseils d'administration. Mais dès sa
création, elle devient pour le patronat une conquête sociale à abattre car elle
est porteuse, dans une société soumise aux diktats capitalistes, de valeurs de
solidarité, d’entraide, de socialisation des moyens et de satisfaction
égalitaire des besoins.
Depuis de nombreuses attaques ont remis en cause ces
principes de base :
-
plans de
déremboursement,
-
augmentation de la part
à charge des malades,
-
augmentation des
cotisations sur les salaires…
avec pour effet de réduire la qualité de la prise en
charge des soins pour les plus pauvres.
Aujourd'hui le plan dans les cartons du gouvernement
est d'une autre ampleur.
Il vise à privatiser la Sécu en instaurant un système
à trois vitesses.
-
une protection minimum
prise en charge par la Sécurité Sociale pour les maladies les plus graves,
-
une protection
complémentaire facultative - par des mutuelles ou des assurances privées - pour
couvrir les soins les plus courants (une aide serait accordée par l'Etat
pour les plus démunis, si besoins …),
-
et, au dessus, une
seconde assurance complémentaire pour la prise en charge des dépenses non
prévues par les deux premiers niveaux.
La mise en place de ce système concurrentiel aura pour
conséquence prévisible une explosion des tarifs des organismes complémentaires,
la disparition des petites "mutuelles".
Ce projet libéral mettra fin au principe de solidarité
et d'accès égal aux soins pour tous. Sous la raison fallacieuse de liberté de
cotiser, ne seront libres que ceux qui ont de l’argent. Les personnes ayant des
maladies graves et les professions exposées seront taxées et paieront plus cher
le même droit d’être en bonne santé. Les pauvres ne pourront pas se payer la
même couverture santé que les riches et n’auront droit qu’au soin minimal. Le
riche aura toute la protection et l’accès au soin coûteux. Aujourd’hui, on veut
briser la solidarité pour mieux dominer et exploiter. Tout devient marchandise
et source de profit. Libéral ou social-démocrate, le capitalisme est ce monde
marchand où ne règne que l’argent qui pervertit tout. C’est ce système qu’il
faut abolir.
Les plus riches seront les mieux soignés.
Le "trou de la Sécu"
Agité en épouvantail, le "déficit" de la
Sécu a atteint 10 milliards d'Euros en 2003.
Certes les dépenses augmentent, mais les recettes
diminuent :
-
le chômage et la
stagnation des salaires constituent la part la plus importante du manque de
recettes…
-
Le non-paiement des
cotisations patronales et les exonérations de charges pour les exploiteurs
représentent chaque année des milliard d'€ non compensés…
-
de nombreuses taxes sur
l'alcool, le tabac, les primes d'assurances, et d'autres ont été détournées des
caisses de la Sécu vers celle de l'Etat...(13 milliards en 2003)
Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que le déficit
représente seulement 3,5% du budget global de la Sécu et correspond à 0,3 % du
salaire brut de cotisation en plus. Bref le tapage autour de ce trou, que certains
qualifient d'abyssal, est surtout orchestré ! !
Les assurés ne sont pas responsables du "trou de
la Sécu"
D’un point de vue libéral, un service public n’est
rien d’autre qu’un manque à gagner pour une entreprise privée. Le "Marché
de la Santé" représente, en 2003, 148 milliards d'Euros qui échappent aux
prédateurs financiers. A la porte de la Sécu attendent les assureurs privés et
leur envie de récupérer l'argent, aujourd'hui redistribué solidairement, pour
le faire entrer dans les circuits des marchés financiers.
La Sécurité sociale nous appartient ! Elle doit se libérer de toute ingérence
capitaliste ou étatique. C’est aux acteur-trice-s/travailleurs-euses et
usager-e-s/bénéficiaires de se la réapproprier puis de la gérer collectivement
pour la satisfaction des besoins de toutes et de tous. L'autogestion et le fédéralisme sont pour nous la
seule voie qui nous permettront d'échapper à la fois à l'aumône ultra-libérale
et au caporalisme étatique. Et qui dit autogestion dit nécessairement égalité
économique et sociale pour toutes et
pour tous.
Les anarchistes l’ont toujours dit : il ne peut y avoir de liberté sans égalité. Il ne peut y avoir d’égalité des droits sans égalité économique et sociale. De cette exigence d’égalité découle nécessairement la gratuité totale des soins.
Pour nous, anarchistes la construction d’un service de santé public émancipé, autogéré, universel et gratuit est un impératif car nous somme convaincu-e-s que dans notre combat contre toutes les oppressions et injustices, la gratuité des services publics et tout particulièrement celui de la Santé, constitue un des leviers permettant de faire basculer ce monde inique vers une société sans classes ni Etat !
Parce
que le refus de prendre en main son propre avenir se paiera toujours par une
exploitation économique et politique, parce que la résignation est un suicide
quotidien, nous ne pourrons faire l’économie d’une mobilisation sociale sans
précédents et construire la grève générale expropriatrice et autogestionnaire
A
nous de construire dès aujourd’hui la convergence des luttes, seule la lutte
paie !
Fédération
anarchiste