Union Locale LA COMMUNE FEDERATION ANARCHISTE Rennes
Polémiques-critiques-réflexions…!
Groupe La Sociale
Rennes,
le 3 janvier 2004
A :
RAS L'FRONT-TREGOR
BP
25
22301
LANNION Cedex
Salut,
Nous avons bien reçu votre courrier (ci-dessous) appelant nombre d'organisations
politiques et syndicales à une réunion le samedi 10 janvier à Rennes. Ce qui
motiverait cette réunion serait le risque d'un "score effrayant du Front
National" aux prochaines élections régionales, du fait de la
"politique ultra libérale de Raffarin".
Licenciements, liquidation des services publics, dislocation
des statuts nationaux et conventions collectives par le biais notamment de la
régionalisation, attaques frontales contre les retraites et bientôt la sécurité
sociale… La liste des mauvais coups est effectivement longue.
Mais, pour parler franchement, tout cela était assez
prévisible et ceux qui ont appelé, dans
un touchant front républicain allant de l'extrême gauche à l'UMP, à voter
Chirac en avril 2002 portent une lourde responsabilité.
Nous ne sommes pas de ceux là et nous nous en félicitons,
même si à l'époque il nous a fallu faire face à l'incroyable pression
politico-médiatique pour le plébiscite Chirac.
Nous en voyons les résultats aujourd'hui !
Bref nous
n'entendons, pas plus aujourd'hui qu'hier, nous situer sur le terrain marécageux des élections.
Si un véritable front anti-fasciste se constitue, il le fera
à partir des luttes sociales et dans le cadre d'une remise en cause du système
capitaliste qui n'est ni amendable ni réformable.
Nous doutons
que nous puissions constituer ce front avec le PS, le PC, les Verts… ou la
CFDT, syndicat fossoyeur des acquis sociaux
(soutien à la loi Fillon, signature de l'accord UNEDIC contre les chômeurs,
vote du transfert des TOS de l'Education Nationale…).
Nous pensons que l'heure est à la clarté et à la
détermination.
Dans ces conditions, vous comprendrez que nous ne participerons pas à votre réunion ni à aucune autre de même nature qui visent à associer les victimes des politiques gouvernementales de droite comme de gauche et les responsables ou complices politiques et syndicaux desdites politiques.
Salutation anarchistes.
F. Ledu
C/o MJC La Paillette – rue du Pré de Bris – BP 3806 - 35038
Rennes cedex – tél. 02.99.59.88.88 - Mail : falasociale@fr.st
Courrier d’invitation :
RAS L’FRONT-TREGOR
B.P. 25
22301
Lannion Cedex
raslfronttregor@voila.fr
Lannion, le 24 novembre 2003
Bonjour,
Les collectifs Ras l’Front de
Bretagne se sont réunis le 22 novembre dernier à Carhaix pour un bilan général
des actions menées et pour prendre la mesure de la situation présente, dans la perspective
des prochaines échéances électorales, et, plus particulièrement, le scrutin régional du printemps
2004.
Certains sondages, compte
tenu :
-d’une
part, des nouvelles règles électorales mises en place par le gouvernement
Jospin pour les élections régionales
-d’autre
part, d’une exaspération croissante de la « France d’en bas » face à
la politique ultra-libérale menée par Raffarin laissent présager un score
effrayant de l’extrême droite lors de ce scrutin, voire de la conquête de la
région PACA...
Il
parait nécessaire de rassembler largement, et bien au-delà des réseaux
anti-fascistes. C’est pourquoi Ras l’Front propose de se retrouver le samedi 10
janvier 2004, de 15 heures à 18 heures, à l’OSCR (Office Social Culturel
Rennais), salle Eostig à RENNES, 6, cours des Alliés (cf. plan au verso)
Nous espérons que cette réunion
donnera lieu à des échanges fructueux et débouchera sur des possibilités
d’actions communes.
Sont
contactés les représentants des associations, partis ou syndicats suivants (par
ordre alphabétique) : AC ! , Alternatifs, Amnesty International,
ATTAC, CFDT, CGT, CNT, Confédération Paysanne, FA, FO, FSU, LCR, LDH, Les
Verts, LO, MRC, MRAP, PC, PRG, PS, SOS Racisme, SUD, UDB, UNSA
En espérant vous voir à cette
occasion, sincères salutations.
Le
Secrétaire
___________________________________________________________________________
M./Mme
représentant
Sera
présent (e) le samedi 10 janvier 2004
Réponse
souhaitée pour le 13 décembre 2003
Plus
que jamais, à un moment où le système capitaliste entend brutalement ou
insidieusement selon les circonstances, contrôler, diriger et manipuler nos
vies dans tous ses aspects, il est nécessaire de dégager les points d’une
véritable alternative politique et économique.
POUR UN AUTRE FUTUR
On a fait croire aux générations d’après la seconde guerre mondiale que l’épanouissement et la liberté des individus passaient par une consommation marchande sans cesse plus forte, et que l’abondance allait naître pour tous. Malgré le silence lâche des technocrates et des affairistes corrompus, la supercherie éclate aujourd’hui en pleine lumière. Non seulement l’opulence n’engendre pas le bonheur de ceux qui en jouissent, mais le nombre des exclus s’accroît constamment, parce que seuls les besoins de ceux qui peuvent payer intéressent les dirigeants des grandes firmes prédatrices : les démunis peuvent mourir dans une superbe indifférence.
L’humanité est engagée dans une course folle, celle de l’accumulation du capital qui n’a d’autre finalité qu’elle-même (le capital, faut-il le rappeler, n’étant que la plus-value volée aux salariés qui l’ont créée). L’objectif final est bien de transformer totalement les rapports de propriété sur la planète, de faire de la moindre ressource matérielle ou intellectuelle une marchandise, c’est-à-dire une source de profit. C’est parce que rien ne semble pouvoir arrêter cette course ponctuée de calculs sordides que chaque jour s’allonge la liste des dégâts sociaux et écologiques provoqués par cette accumulation. Nous sommes les premières générations, dans l’histoire, à transmettre à leurs descendants un héritage moins favorable que celui que nous avons reçu !
Ce n’est pas seulement par une erreur d’appréciation que le développement exponentiel de la technique nous rend vulnérables et nous aliène au lieu de nous libérer. Ce n’est pas seulement par manque de clairvoyance que les promesses de bonheur s’inversent en menaces de mort, et qu’une illusion de puissance nous rend dangereux pour nous-mêmes. Si les blessures infligées à la biosphère se multiplient, jusqu’à en rendre certaines irréversibles, c’est parce que l’arrogance criminelle de ceux qui nous gouvernent les pousse à faire prendre aux générations futures, et sans les consulter, les risques les plus fous plutôt que d’écorner quelque peu leur mode de vie extravagant.
Des scientifiques de plus en plus nombreux s’interrogent sur l’état de la planète, et par conséquent sur les conditions de vie qui y régneront dans seulement un demi-siècle. Affirmer que le diagnostic est alarmant dans un système économique incapable d’assurer la survie de l’espèce humaine est un doux euphémisme : élévation du niveau des océans due à une hausse des températures ; pollutions atmosphériques ; altérations climatiques graves (tempêtes plus violentes et plus fréquentes) ; déchets nucléaires durablement toxiques ; perspective d’une grave pénurie d’eau concernant la moitié de la population mondiale ; perte de fertilité des sols, et particulièrement des terres agricoles ; perturbation des écosystèmes marins, c’est-à-dire diminution des ressources en poissons, et donc en protéines ; recul continu des forêts partout dans le monde ; réduction de la biodiversité ; accumulation de millions de tonnes de déchets métalliques et plastiques qui ne connaissent pas de recyclage… Autant de bombes à retardement !
L’ouverture de la planète à la concurrence sauvage accentue l’exploitation de la force de travail, et plus particulièrement dans les pays du tiers monde soumis aux programmes d’ajustement structurel du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale. Les chiffres sont édifiants : 1,2 milliard de personnes au-dessous du seuil de pauvreté, dont les trois-quarts chroniquement sous-alimentées ; 850 millions d’analphabètes ; 150 millions de chômeurs dans le monde ; 700 millions de sous-employés (l’Union européenne octroie 2.20 dollars de subvention par jour et par vache, alors que la moitié de la population du monde vit avec moins de un dollar par jour ! !). Des accidents du travail et des maladies professionnelles en augmentation constante. 250 millions d’enfants travaillent dans les mines, les ateliers insalubres ou sont contraints à la prostitution, à l’esclavage.
Face à la destruction des acquis sociaux, au démantèlement des services publics, à la suppression d’espaces de liberté, à la généralisation de la précarité, une fraction, certes trop peu nombreuse, de la population réagit. Et parce qu’il sent menacé l’ordre inégalitaire et autoritaire qu’il veut maintenir, le pouvoir met en place une politique sécuritaire et tout un arsenal de contrôle social : surveillance et fichage des citoyens, répression syndicale, criminalisation des mouvements sociaux, harcèlement des populations marginalisées, parce que quand une société n’ose plus soutenir le regard de ceux qu’elle a réduit à la misère, il ne lui reste plus qu’à les jeter dans l’obscurité des prisons. Sauf que si l’on peut incarcérer des hommes, on ne saurait enfermer leurs idées.
Les siècles passés témoignent que les dirigeants, leurs complices, leurs collaborateurs, grâce à la puissance des institutions qui inculquent le sens de la hiérarchie et de l’obéissance, ont toujours assuré le droit du plus fort, le règne du despotisme en exploitant la bonne foi et la naïveté des peuples. La terrible servitude volontaire qui pousse les populations à accepter leur sort, à courber sans cesse l’échine, n’est pas une fatalité. Il n’est pas inéluctable que la réussite de quelques-uns se fonde sur l’échec du plus grand nombre, que les pays du Sud continuent à financer l’expansion de ceux du Nord, ou que se perpétuent des marchés financiers déconnectés de la réalité, où certains peuvent acheter sans avoir d’argent et vendre ce qu’ils ne possèdent pas ! Faudrait-il que la jeunesse se contente de la flexibilité, des petits boulots, des salaires dérisoires, d’une protection sociale réduite, de retraites aléatoires, lorsque le P.D.G. d’Alcatel gagne deux mille fois le SMIC ? A travers l’histoire, des penseurs nous invitent à ne pas subir perpétuellement la violence légitimée des Etats, pas plus que la logique froide du capital. La Boétie : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. » Stirner : « Si la soumission venait à cesser, c’en serait fait de la domination. » Camus : « La révolte est l’une des dimensions essentielles de l’homme. » Même la « Déclaration des droits de l’homme » de 1793 stipulait : « Quand les droits du peuple, ou d’une partie du peuple, sont bafoués, l’insurrection devient pour lui le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Parce que les idées dominantes sont toujours celles de la classe dominante, le discours officiel, économique ou politique, n’a qu’une seule fonction : légitimer l’ordre social établi. Il appartient à tous, d’abord de comprendre que l’homme est aujourd’hui confronté à lui-même, et à lui seul, que les lois économiques ne sont pas naturelles mais sociales, qu’une société fondée sur la peur, la haine, la fraude et l’égoïsme n’a aucun avenir, ensuite d’imaginer qu’un autre monde est possible, enfin de le construire sur le respect, la solidarité, l’intelligence. Quand le cynisme des puissants se heurtera à la résistance des faibles, vivre décemment deviendra un espoir pour tous. Cet espoir ne passera ni par un simple « relookage » du système capitaliste, ni par le biais des élections qui délivrent des « chèques en blanc » aux politiciens tout en véhiculant l’illusion d’un possible changement par des spécialistes chargés de notre bien-être. Nous ne ferons pas l’économie d’une révolution !
On le déplore, Attac n'est nullement d'une organisation révolutionnaire, mais un groupe qui veut rendre le capitalisme plus vivable. Naïveté ? Créé par des « intellectuels » de gôche, ce groupe s'est pour l'instant visibilisé dans la contestation « douce », obtenant même un agrément d' organisme d' « éducation populaire » : quand les élites veulent éduquer les masses on est en droit de craindre l'avant-gardisme politique (au sens où une oligarchie trône dans une organisation) et le leadership méprisant vis à vis des masses. Aujourd'hui, nous apprenons* qu'Attac aurait des problèmes financiers pour organiser sa participation au Forum Social Européen (F.S.E. à Paris, au printemps), et que Bernard Cassen, son fondateur, est allé rendre visite à Raffarin pour quémander des fonds. Oui : des subventions, de l'argent public ! Naïveté encore ?
OU C'EST QUE J' SIGNE...
Raffarin ne s'est pas fait prier et a promis un million d'Euros à Attac*. Ces
gens d'Attac veulent participer au F.S.E. (ils sont très loin d'être les seuls)
et proposent à un gouvernement qui réprime plus que jamais, qui distille la
peur quotidienne, qui SSarkozyse à tour de matraques, de se faire une image «
sociale » grâce à notre argent (pas celui des riches, à l' heure où il est
question, au gouvernement, de diminuer l'impôt sur la fortune.), et bien que
Cassen assure qu'Attac continuera ( Ah ? Ils ont commencé ?) à dire ce qu'il
pense du gouvernement, nous constatons que nombre de déçus de cette « oligorga
» la quittent pour participer à des luttes plus démocratiques directes :
soutien aux sans-papiers, luttes libertaires, action directe. Effet pervers
(naïveté encore d'Attac ?) de ce "contrat" entre Attac et l'Etat, il
y aura de manière de plus en plus évidente, à ces rendez-vous d'un mouvement
"anti-mondialisation" qui se contruit, une soit-disant contestation
acceptée, tolérée, officielle, sympathique (Attac et autres...), et les autres,
forcément "terroristes", qui subiront de plein fouet la violence des
états et de leurs polices et armées... Bien sûr !
ET LA BASE ?
Bon, c'est une tactique habituelle de division des mouvement (ici
l'anti-globaliste ou altermondialiste) que d'en légitimer une partie, la plus
présentable, la plus "dîner mondain"... Mais que ce soir fait aussi
cyniquement, à la demande d'une partie de ce mouvement... Bravo ! Des
"intellectuels" qui brouillent les cartes, collaborent avec les pouvoirs,
entrent à l'académie... il y en a toujours eu, certes, mais à l'approche de la
sénilité plus généralement ! Ici pas d'excuses : si (et seulement si...) Attac
dispose d'une base "populaire", nous voulons l'interpeler et lui
demander : "Et vous, vous vous asseyez à la même table que Raffarin
?"