TRANSPORTS PUBLICS
GRATUITS
POUR TOU-TE-S :
Une possibilité économique,
une nécessité sociale, une revendication politique.
Rennes : objectif transports publics gratuits. Article
paru dans un Monde Libertaire d’Octobre 2001.
Tract diffusé à Rennes fin Septembre
2001
Rennes : objectif
transports publics gratuits.
Le collectif Rennais pour la gratuité des transports a été
crée début septembre 2001, à l'initiative du Mouvement des chômeurs, chômeuses
et précaires en lutte. La mouvance libertaire, représentée par AL, l'Union
Locale de la CNT, la Fédération Anarchiste et le SCALP, est largement investie
dans ce collectif. Les syndicats SUD Rail, Education et PTT y l'ont également
rejoint.
Le 17 Septembre dernier, dans le cadre de la semaine du
transport public, Jean-Claude GAYSSOT venait à Rennes pour inaugurer un service
de transport en commun adapté aux personnes handicapées. Le collectif avait
appelé à un rassemblement, et préparé une occupation des locaux de la STAR
(Société de Transport de l'Agglomération Rennaise) pour le jour même. Malgré la
forte présence policière et les Renseignements Généraux, nous avons déployé une
banderole sur la façade du bâtiment et diffusé des tracts aux passants,
lesquels se sont montrés solidaires de l'idée de gratuité. Nous souhaitions que
Mr. Gayssot daigne répondre à nos questions sur la gratuité, mais le camarade
Ministre a préféré envoyer ses chiens de garde, après la venue de l'huissier
venu constater l'occupation de cette propriété privée. C'est ainsi que le
collectif s'est fait expulser par les C.R.S. au bout de quelques heures.
La Direction de la STAR avait depuis plusieurs mois dans ses
cartons le projet de montée par l'avant dans les bus de la ville. Les
chauffeurs de bus s'y étaient fortement opposé au mois de mars par une grève de
23 jours (cf ML. n°1241), fortement suivie et avec blocage du dépôt de bus.
Depuis le 15 Octobre, la STAR a souhaité mettre en place ce système par étapes.
La montée par l'avant a officiellement pour objectif de diminuer la fraude dans
les bus. Concrètement, cela signifie pour les conducteurs une surcharge de
travail, et un rôle obligé de flic dont résultera une augmentation du nombre
d'agressions. Pour les usagers, cela signifie un contrôle social accru, et une
augmentation des temps de trajet (la montée à une seule porte aux arrêts très
fréquentés crée des bouchons systématiques, et donc des retards de l'ordre
d'une demi-heure). Pour diminuer ces retards, la direction de la STAR a dû
mettre en place des bus supplémentaires sur le réseau, ce qui nécessitera,
conformément à nos revendications, les embauches correspondantes de
conducteurs.
L'exemple de Vitré, petite ville voisine où la gratuité des
transports a été mise en place depuis le 1er Mai, démontre la faisabilité du
transport gratuit. C'est donc avec force tracts et tickets " Zéro Franc,
Zéro Fraude " que le collectif pour la gratuité des transports investit
régulièrement depuis le 15 Octobre les lignes bus où la montée par l'avant est
instaurée. Le contact avec les usagers et conducteurs est excellent. Le moins
que l'on puisse dire est que nos arguments font mouche des 2 côtés. Cela permet
de porter une revendication à plus long terme de gestion directe des services
de transport par leurs personnels et usagers. La logique du profit est mise à
bas quand on explique que des entreprises aussi généreuses que Paribas, Vivendi
et la SNCF sont les principaux actionnaires de la STAR, et qu'en moyenne en
France, le prix du billet ne représente sur tous les réseaux de transports
urbains en France que 25% des recettes totales. A Rennes, le vice-président de Rennes Métropole nous a indiqué
que ce chiffre était de 33%.
Malgré le rythme effréné de nos actions (3 par jour la
première semaine, un peu moins depuis), leur couverture médiatique a été
volontairement faible, comme pour l'ensemble des mouvements sociaux pourrait-on
dire. En revanche, la répression a elle bien été au rendez-vous, puisque
certains camarades ont finit des actions au commissariat, certains contrôleurs
épaulés ou non par les CRS, n'hésitèrent pas à plaquer au sol des militants et
ce sans aucune justification légale (hors des bus et sans leur demander leur
titre de transports).
Les gestionnaires privés du réseau nous indiquent qu'ils ne
sont pas les bons interlocuteurs, puisque la question de la gratuité est avant
tout politique. On retrouve le même discours dans le jugement des actions du
Collectif Sans Tickets de Bruxelles : la démocratie n'autorise la critique que
dans la mesure où celle-ci est institutionnelle. Il ne peut y avoir de revendication
politique hors du cadre de délégation de pouvoir. Les stratégies d'action
directe, en remettant en cause le système de représentation politique par
délégation sont ainsi criminalisées avant même d'avoir eu lieu.
Le collectif Rennais a également investit une conférence de
presse où la Métropole communiquait sur la montée par l'avant, en essayant de
se trouver des points d'appui auprès des relais locaux (syndicats FSU et UNEF).
De même, la CGT de la STAR, pourtant à la pointe de la grève du mois de Mars se
retrouve à la table de discussion avec l'association des usagers, composés des
commerçants rennais briseurs de la grève de Mars. La bureaucratie CGT espère
tenir ses troupes militantes, particulièrement remontées depuis le 15 Octobre,
en revendiquant l'embauche de davantage de contrôleurs.
Au mois de Mars 2002, le Maire mégalomaniaque de Rennes
verra l'achèvement du 3ème chantier public en France: celui du métro
automatique léger, le VAL. Comme son collègue Balladur, gageons qu'Edmond Hervé
trouvera qu'il fait chaud dans le métro, plus que dans sa voiture de fonction.
Pierre et Manu, groupe La Commune, Rennes
Tract diffusé à
Rennes fin Septembre 2001
Monsieur Gayssot, le ministre des transports était à Rennes le 17 Septembre dernier dans le cadre de la semaine du transport public. Le « collectif pour la gratuité des transports », en occupant les locaux du STAR a souhaité montrer sa détermination et expliquer la faisabilité de cette mesure auprès du grand public. M Gayssot n’était pas à Rennes pour y annoncer la mise en place du transport public gratuit. Il a préféré faire appel aux CRS plutôt que de répondre aux questions du collectif. La gauche plurielle s’inscrit donc dans une logique de criminalisation, alors que le transport gratuit est une avancée sociale. Pierre Méhaignerie, pourtant peu progressiste, l’a mis en place dans son fief de Vitré, depuis le 1er Mai.
Actuellement, les recettes des transports publics ne proviennent que pour une proportion faible de la billetterie. (35 % à la RATP, 10 % à Vitré…). Cette proportion sert en fait à payer la mise en place du transport public payant (guichets de vente, contrôleurs, composteurs, gestion des amendes…). Les transports payants obéissent à une logique marchande au nom de laquelle la hiérarchie sociale se reproduit.
Depuis la mise en place du transport gratuit à Vitré, le nombre de passagers a doublé en quelques mois. Ce sont les personnes aux revenus les plus bas qui en profitent en priorité, puisque la nécessité de payer leur ticket rendait leur budget transport plus lourd. La liberté de circulation est pourtant un droit inaliénable, sauf dans notre société capitaliste.
Revendiquer le transport gratuit pour tous, c’est aller au bout de la logique qui affirme que nous refusons toute hiérarchisation sociale qui consisterait à dire qu’un travailleur précaire est plus favorisé qu’un chômeur, qui serait lui même plus favorisé qu’un RMIste ou un sans-logis… Notre objectif est d’atteindre l’égalité économique et sociale. Du reste, pour financer la mesure du transport gratuit, quoi de plus logique que d’affirmer que ce sont les entreprises qui doivent payer : ce sont en effet les principales bénéficiaires en terme de revenu indirect généré par ce service public. Pour fournir le meilleur service au public, les transports collectifs devront à terme être gérés collectivement par ses travailleurs et usagers.
La montée par l’avant dans les bus rennais est officiellement mise en place à partir du 15 octobre sur le réseau du STAR.
Nous souhaitons concrètement renouveler notre soutien aux conducteurs de bus du STAR : la montée par l’avant signifie pour eux :
- une augmentation de la charge de travail
- un rôle obligé de flic dont résultera une augmentation des agressions
Pour les usagers, cela signifie :
- un contrôle social accru pour les fraudeurs obligés (renforcement des AmiSTAR, mise en place de caméras…).
- Une augmentation du temps de trajet dû à la montée à un point unique aux arrêts très fréquentés.
Le Groupe la Commune de la Fédération Anarchiste
soutient par avance les futures luttes des travailleurs de la STAR, et soutient également leur appel à la désobéissance civile. Nous affirmons que la gratuité pour tous est la solution socialement la plus intéressante à la fois pour les usagers et les salariés, et économiquement la plus viable pour la gestion du service au transport. La montée par l’avant ne trouve sa justification que dans le cadre d’une société inégalitaire, où tout se paie et tant pis pour les pauvres.
Si nous distribuons aujourd’hui des tickets « Zéro franc, Zéro Fraude » , c’est pour faire prendre conscience aux usagers que la gratuité peut être le fruit d’un rapport de force favorable pourvu qu’ils soient suffisamment conscients de leur force collective en tant qu’usagers de service public ayant leur mot à dire dans sa gestion et non plus simplement en tant que client, consommateur de service. Ces tickets gratuits démontrent l’extrême relativité de la justification qui est faite du transport collectif payant par les gestionnaires privés du STAR, filiale de la multinationale « Compagnie de Navigation Mixte ». La différence entre ces 2 types de tickets réside dans leur prix. Et pourtant, ceux que nous vous distribuons n’ont coûté ni plus ni moins cher à fabriquer que les morceaux de carton que l’on vous vend aux guichets de la STAR. Ainsi ces tickets agissent comme révélateur des rapports marchands de notre société.
EXIGEONS :
· L’annulation immédiate des poursuites juridiques et des amendes.
· La redéfinition des besoins en matière de transports par les usagers eux-mêmes avec embauche de conducteurs supplémentaires.
· La gratuité des transports urbains et nationaux pour tous et toutes, financée par les profits des entreprises.